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fabliaux

Le 28 octobre 2013, la Société littéraire de La Poste en partenariat avec les éditions de l’Amandier ont invité Frédéric Révérend, le créateur d’un recueil de fabliaux érotiques intitulé La demoiselle qui songeait.

Intervention remarquée de Frédéric Révérend

De façon très vivante, Frédéric a décrit son parcours personnel. Dès l’âge de 10 ans, il se procure un dictionnaire d’ancien français et projette de faire l’Ecole des Chartes.

Universitaire, il maîtrise plusieurs langues mais a abandonné l’étude de l’ancien français.

Cependant, à la demande d’un chef d’orchestre responsable d’une formation spécialisée dans la musique du moyen-âge, Frédéric décide de traduire des fabliaux. Pas n’importe lesquels, des fabliaux érotiques. Très pédagogue et très drôle en même temps, ce traducteur passionné et passionnant nous a fait découvrir les fabliaux, leurs créateurs et, par ce biais, nous a permis de mieux comprendre les spécificités de la vie au XIIIème siècle.

En même temps, grâce à un réel goût pour la transmission, les traductions de Frédéric Révérend n’ont pas trahi pas l’humour grivois de ces textes. Bien au contraire, en utilisant une langue moderne, en ne s’acharnant pas à respecter la règle des octosyllabes, Frédéric nous a transmis avec talent toute la verve et la drôlerie de ces petites fables.

Au pic de sa présentation, Frédéric, toujours dans un souci de pédagogie, a mis en scène un des fabliaux à l’aide de petites figurines et d’une scène grande comme une caissette.

Vous avez dit “fabliaux”?

Ce sont de courts récits, qui commencent souvent par une phrase d’introduction du narrateur et se terminent par une morale. Les fabliaux visent surtout à faire rire et recourent à plusieurs formes de comiques :

  • comique de gestes : coups de bâton, chutes,
  • comique de mots : jeux de mots et quiproquo,
  • comique de situation : le trompeur trompé,
  • comique de caractère : hypocrisie, gloutonnerie…

Ils comportent très souvent une satire sociale, qui concerne de façon récurrente les mêmes catégories sociales : les moines, les paysans, les femmes.

Les auteurs en sont des clercs menant une vie errante, clercs gyrovagues ou clercs goliards, des jongleurs, parfois des poètes-amateurs appartenant à des ordres différents du clergé.

Le public auquel s’adressaient les “rimailleurs” de fabliaux appartenait surtout à la bourgeoisie.

Dans la forme des fabliaux on ne trouvera ni perfection, ni variété : la versification est monotone avec des vers octosyllabiques disposés par deux, les rimes sont plates et souvent incorrectes et le style tend vers la négligence voire la grossièreté. Ce qui caractérise le récit c’est la concision, la rapidité et l’absence de tout pittoresque. Pour donner aux fabliaux une certaine dignité littéraire il y a la rapidité dans l’action, la vivacité des dialogues.

Pour vous donner envie de lire ce recueil de fabliaux érotiques, voici un extrait du fabliau intitulé Le trou aux illusions. Ce fabliau illustre les différents types d’humour et de grivoiseries que nous pouvons rencontrer dans ce type de texte.

Le trou aux illusions

[…]

Ainsi Garin dit, par ma voix,

Qu’un paysan prit une femme,

Intelligente et raffinée,

[…]

Or c’est le prêtre qu’elle aimait.

Et tout son coeur était à lui

 

Le prêtre aussi est, d’elle, si épris,

Qu’un beau jour il se propose

D’aller tout droit lui parler.

[…]

Par un trou [de la porte] il regarde et voit

Le paysan qui mange et boit,

Sa femme assise auprès de lui.

[…]

Quand le prêtre eut bien regardé,

De la porte, il les interpelle :

Que faites-vous donc, bonnes gens ?

[…]

Le prêtre dit : sans aucun doute

Vous foutez, oh je le vois bien !

Me prenez-vous pour un aveugle ?

Venez voir dehors où je suis

Et moi j’irai m’assoir dedans.

Vous pourrez vous rendre compte

Si j’ai dit vrai ou bien menti.

(A suivre)

 

Pour aller plus loin :

La demoiselle qui songeait

Frédéric Révérend

Editions de l’Amandier

13 €