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Des Postes à la Boîte aux Lettres

À l’origine, ils étaient trois joyeux lurons, trois rêveurs aussi. F.A. Cazals“FAC” pour les intimes – un des derniers amis de Verlaine, était poète, dessinateur et chansonnier, Eugène Plouchart, homme de lettres et rédacteur au journal Le Matin et Albert Cim, romancier. Ils avaient en commun deux choses :  l’amour des arts et de la littérature et le fait que – la littérature ne nourrissant pas son homme – ils travaillaient tous les trois comme fonctionnaires des postes.

En 1905, ils ont l’idée de fonder une Société Littéraire des P.T.T. qu’ils baptisent La Boîte aux Lettres.

Dès sa création, La Boîte aux Lettres réunit une centaine de membres dont la plupart sont fonctionnaires des P.T.T. Chefs de bureaux, de sections, administrateurs ou directeurs, les membres ont tous en commun le goût des belles-lettres, du théâtre et des arts. Édouard Estaunié, à la fois haut fonctionnaire et écrivain, élu à l’Académie Française, en devient le premier président.

Estaunié présidait nos réunions avec la précision d’un chef d’industrie : sec, le poil roux, les cheveux en brosse et la moustache élégante d’un capitaine de hussards, il contrastait avec la bonhomie du bon vieillard qu’était sous sa barbiche blanche et son lorgnon…” (Albert Cim).
“Les dîners de la Boîte aux Lettres-  auxquels on assistait en habit ou smoking – étaient présidés par quelque grand confrère qui, de près ou de loin, touchait à la Poste”. (Paul Yaki- Bulletin de Société Littéraire- 15 Février 1946)

Georges Lecomte était fils de directeur des P.T.T., J.H. Rosny, l’aîné avait été télégraphiste dans sa jeunesse, tous deux ont fait partie des prestigieux invités de la Société Littéraire. Certains comme Maurice Mac-Nab , simple trieur de lettres et faiseur de mandats dans la journée, devenait, le soir venu, après ses 10 ou 15 heures passées au bureau,  un des artistes du Chat Noir “où il déridait les spectateurs avant que d’ouvrir la bouche” (id.)

Ce doit être moins délicat de fonder un empire qu’une réunion cordiale de gens de lettres…Il existe dans notre Maison des P.T.T. un groupe, une réunion où il n’est question ni de bulletin mensuel, ni d’avancement, ni de revendications, un lieu où, cordialement, sans galons sur les manches, on se presse près de la fenêtre ouverte, on aspire l’air pur des belles idées et on envoie de concert un peu de rêve à l’horizon…J’imagine que plus tard, dans cinquante ans, l’historien des P.T.T., s’il en vient un, se demandera comment vous y parvîntes…

Tel fut le discours d’Édouard Estaunié  pour le repas de retraite d’Albert Cim. Pourtant malgré l’énergie de ses fondateurs, la guerre de 1914 vint interrompre les activités de La Boîte aux Lettres.

Il fallut attendre 1933 pour que la Société Littéraire des P.T.T renaisse sur les cendres de La Boîte aux Lettres.

Du Relais à la Société littéraire – 1933-1945

Près de vingt ans se sont écoulés entre  la fin de La Boîte aux Lettres et la renaissance d’une société littéraire, qui, à l’instar de son aînée, initierait à nouveau des rencontres avec les artistes de son époque et permettrait de faire connaître les artistes des P.T.T. Sous la direction de Charles Tillac, essayiste et poète qui participa dans les années 30 à l’essor du Cercle d’Études Ukrainien, La Société Littéraire prend son essor à compter de 1933.

Le Relais, une revue mensuelle, lui accorde une page complète pour publier textes et prévisions littéraires. Les adhérents continuent d’augmenter et les lecteurs se comptent partout en France et même  jusqu’en Belgique et au Canada !

Le 1er septembre 1935 est publiée au Journal Officiel la naissance de la Société Littéraire. La réputation de la Société grandit et le concours de poésie est très couru.

Mais la guerre de 1939 arrive. En 1944, une conférence sur Estaunié est organisée  dans une salle du Ministère, après mille ruses avec la police. La salle est comble de postiers qui ignoraient que le célèbre écrivain avait fait partie de La Poste jusqu’à la retraite. Pourtant, les difficultés furent telles qu’il fallut renoncer à récidiver. Malgré un essai de librairie coopérative, la Société Littéraire des P.T.T. se mit en sommeil attendant des jours meilleurs.

Au lendemain de la libération le groupement prend le nom de Société Littéraire de France et des ColoniesNom impérial,  mais pour une association qui est un vestige de l’époque avant-guerre et qui compte tout au plus une trentaine de membres cotisants, tous parisiens.

Le papier manque même si les idées  foisonnent  et à moins de faire appel au marché noir…

De tous les projets élaborés, seuls, ceux qui ne réclament pas beaucoup de papier peuvent être réalisés.

Des conférences de grande qualité sont organisées. La Société crée des prix littéraires et aide aussi un jeune groupe théâtral parisien, très actif Les Comédiens des P.T.T. Cette compagnie de théâtre  a participé à de nombreuses manifestations organisées au profit des postiers victimes de la guerre.  Elle continue d’exister actuellement sous le nom de Compagnie du Message

En 1945, la création du concours littéraire dépasse les prévisions les plus optimistes. Près de deux cent soixante dix œuvres sont proposées et des centaines d’adhérents viennent renflouer les caisses de la Société.

Les postiers redeviennent poètes et écrivains et contribuent largement au succès du bulletin de liaison qui naît encore modeste en raison de la crise du papier.

D’une société Littéraire à l’autre : le statut actuel

Logo société littéraireLe statut de la société littéraire des P.T.T. n’a cessé d’évoluer en fonction de l’administration dont elle dépend. Gérée de façon plus autonome, plus ouverte sur le monde et ses mutations, la Société Littéraire de France et des Colonies se nomme aujourd’hui Société Littéraire de La Poste et France Télécom. Pourtant les buts restent globalement les mêmes : faire découvrir la littérature française et étrangère au personnel de La Poste, de France Télécom et de leurs filiales respectives.

Elle est actuellement forte de 2000 adhérents répartis sur l’ensemble du territoire et s’est ouverte à toutes sortes de partenariats.

De nombreux ateliers sont proposés avec des intervenants extérieurs (ateliers d’écriture, artistiques, de lecture…) ainsi que des rencontres /débats avec des écrivains et des gens de théâtre.

Les Lundis du Théâtre*, longtemps animés par André Degaine*, au Studio Raspail à Paris sont une référence en matière d’actualité théâtrale.

La Société Littéraire constitue un soutien et offre des conseils à ses adhérents qui écrivent en disposant d’un comité de lecture, de revues départementales et régionalesd’ateliers d’écriture et de prix littéraires et en participant activement à différents salons littéraires : Salon du livre de la Plume NoireFestival Est-Ouest de Die…)

Les numéros trimestriels et spéciaux de la revue Missives sont un lien précieux qui offre à la fois  des articles sérieux sur les littératures du monde. Lune tribune pour l’expression des écrivains et poètes de La Poste et de France Télécom.

Rayonnement au sein de La Poste et de France Télécom

La Société Littéraire de La Poste et de France Télécom, conjointement avec le Foyer de Cachan ( protection des orphelins et pupilles du personnel des PTT),  organise un concours permanent intitulé “Prix Découverte” .

Fidèle à ses relations qui datent depuis la fin de la guerre, la Société Littéraire est partenaire de la compagnie de théâtre de La Poste et France Télécom: La Compagnie du Message.