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L’histoire de la Société littéraire

Des Postes à la Boîte aux Lettres

À l’origine, ils étaient trois fonctionnaires des postes, amoureux des mots :

Frédéric-Auguste Cazals, poète, dessinateur, illustrateur.

En avril 1888, il fonde la revue Le Paris littéraire, accueillant notamment Verlaine, Gustave Kahn, Paul Adam, Édouard Dubus ou Louis Dumur.

Il entretient également une correspondance avec Stéphane Mallarmé.

À la mort de Verlaine, il hérite, entre autres, de l’unique exemplaire – à l’époque – du recueil Une saison en enfer d’Arthur Rimbaud.

En mai 1932, il adhère à la Société des gens de lettres.

 

(image : Frédéric-Auguste Cazals par Fernand Fau, publié dans Le jardin des ronces, 1902. Source : Wikimedia.)

Eugène Plouchart, homme de lettres, historien et rédacteur au Matin.

Il est notamment l’auteur de Jeanne d’Arc à Fontainebleau, un rapport intitulé La Poste restante immorale, La lithographie et les lithographes ou Psychologiquement sur le Balzac de M. Rodin.

Albert-Antoine Cimochowski, naît à Bar-le-Duc le 22 octobre 1845, d’une mère française et d’un père, officier polonais réfugié en France après l’insurrection de 1830.

Dès 1861, il entame à Paris une carrière de fonctionnaire aux Postes et Télégraphes et, sous le nom d’Albert Cim, débute dans le journalisme par des articles de philologie, de critique et de bibliographie qui sont vite remarqués. Il collabore à de nombreux journaux et tient la rubrique « Revue littéraire » du Radical de 1881 à 1894, puis du National de 1895 à 1897.

Il participe également à la rédaction du Dictionnaire de la langue française de Littré.

Parallèlement, il publie des études documentaires, littéraires et bibliographiques ainsi que des ouvrages pour la jeunesse et des romans, qui lui valent d’être cinq fois lauréat de l’Académie française.

En 1896, il devient bibliothécaire au sous-secrétariat d’État des Postes et des Télégraphes. Il est également membre de la Société des gens de lettres, dont il est deux fois vice-président.

En 1905, ils ont l’idée de fonder une Société littéraire des P.T.T. qu’ils baptisent La Boîte aux Lettres.

Dès sa création, La Boîte aux Lettres réunit une centaine de membres dont la plupart sont fonctionnaires des P.T.T. : chefs de bureaux, de sections, administrateurs ou directeurs, les membres ont tous en commun le goût des belles-lettres, du théâtre et des arts.

Édouard Estaunié, à la fois haut fonctionnaire et écrivain, élu à l’Académie Française, en devient le premier président.

Édouard Estaunié, né le 4 février 1862 à Dijon.

De ses ancêtres bourguignons et languedociens marqués de jansénisme, il gardera une certaine austérité. John Charpentier nous raconte qu’âgé de sept ans il avait écrit dans un cahier d’écolier un récit intitulé L’orage où il annonçait déjà sur la couverture les titres des œuvres à venir. La mère garda le secret et devint complice d’un fils qui lui vouera toujours une véritable dévotion.

Il entre à Polytechnique avant de devenir ingénieur. En 1891, il fait une entrée discrète dans la vie littéraire en publiant deux romans. Deux autres vont attirer sur lui l’attention de la droite catholique et de la gauche laïque : L’Empreinte dans lequel il dénonce les méthodes d’éducation des Jésuites et Le Ferment dans lequel il attire l’attention sur les dangers moraux de l’éducation scientifique.

La vie secrète lui vaut en 1908 le Prix de la vie heureuse. Malgré cette notoriété soudaine, il poursuit une carrière administrative et industrielle dans les Postes et Télégraphes. C’est lui qui utilisera le premier le mot « télécommunication », promis à un bel avenir.

En 1923, il est élu à l’Académie française. En 1926 il accepte la présidence de la Société des gens de lettres, qu’il ne parviendra pas à réformer selon ses souhaits.

Analyste attentif, questionnant le destin et la situation de l’homme, Édouard Estaunié reste le romancier de la douleur, de l’invisible et de l’essentiel qui échappe au regard des autres .

Il meurt le 2 avril 1942 à Paris et laisse une œuvre importante composée de romans, d’essais et de récits, malheureusement méconnue aujourd’hui.

 

En savoir plus :  http://www.andrebourgeois.fr/

Malgré l’énergie de ses fondateurs, la guerre de 1914 vint interrompre les activités de La Boîte aux Lettres. Il fallut attendre 1933 pour que la Société littéraire des P.T.T renaisse sur les cendres de La Boîte aux Lettres.

Du Relais à la Société littéraire

Près de vingt ans se sont écoulés entre la fin de La Boîte aux Lettres et la renaissance d’une société littéraire, qui, à l’instar de son aînée, initierait à nouveau des rencontres avec les artistes de son époque et permettrait de faire connaître les artistes des P.T.T. Sous la direction de Charles Tillac, essayiste et poète qui participa dans les années 30 à l’essor du Cercle d’Études Ukrainien, La Société littéraire reprend son essor à compter de 1933.

Le Relais, une revue mensuelle, lui accorde une page complète pour publier textes et prévisions littéraires. Les adhérents continuent d’augmenter et les lecteurs se comptent partout en France et même jusqu’en Belgique et au Canada !

Le 1er septembre 1935 est publiée au Journal Officiel la naissance de la Société littéraire. La réputation de la Société grandit et le concours de poésie est très couru.

Mais la guerre de 1939 arrive. En 1944, une conférence sur Estaunié est organisée dans une salle du Ministère, après mille ruses avec la police. La salle est comble de postiers qui ignoraient que le célèbre écrivain avait fait partie de La Poste jusqu’à la retraite. Pourtant, les difficultés furent telles qu’il fallut renoncer à récidiver. Malgré un essai de librairie coopérative, la Société littéraire des P.T.T. se mit en sommeil attendant des jours meilleurs.

 

Au lendemain de la libération, le groupement prend le nom de Société littéraire de France et des Colonies.

 

Le papier manque même si les idées foisonnent et à moins de faire appel au marché noir… De tous les projets élaborés, seuls, ceux qui ne réclament pas beaucoup de papier peuvent être réalisés.

Des conférences de grande qualité sont organisées. La Société crée des prix littéraires et aide aussi un jeune groupe théâtral parisien, très actif : Les Comédiens des P.T.T. Cette compagnie de théâtre a participé à de nombreuses manifestations organisées au profit des postiers victimes de la guerre.  Elle continue d’exister actuellement sous le nom de Compagnie du Message.

 

En 1945, la création du concours littéraire dépasse les prévisions les plus optimistes. Près de deux cent soixante-dix œuvres sont proposées et des centaines d’adhérents viennent renflouer les caisses de la Société.

Les postiers redeviennent poètes et écrivains et contribuent largement au succès du bulletin de liaison.

D’une société littéraire à l’autre : le statut actuel

Le statut de la Société littéraire des P.T.T. n’a cessé d’évoluer en fonction de l’administration dont elle dépend. Gérée de façon plus autonome, plus ouverte sur le monde et ses mutations, la Société littéraire de France et des Colonies devient la Société littéraire de La Poste et France Télécom. Pourtant les buts restent globalement les mêmes : faire découvrir la littérature française et étrangère au personnel de La Poste, de France Télécom et de leurs filiales respectives.

Lors de la transformation des P.T.T., elle devient la Société littéraire de La Poste.

 

De nombreux ateliers sont proposés avec des intervenants extérieurs (ateliers d’écriture, artistiques, de lecture…) ainsi que des rencontres /débats avec des écrivains et des gens de théâtre.

La Société Littéraire constitue un soutien et offre des conseils à ses adhérents qui écrivent en disposant d’un comité de lecture, de revues départementales et régionales, d’ateliers d’écriture et de prix littéraires et en participant activement à différents salons littéraires.

Les numéros trimestriels et spéciaux de la revue Missives sont un lien précieux qui offre à la fois des articles sérieux sur les littératures du monde.

 

En 2019, la Société littéraire de La Poste crée son label éditorial : Souffles Littéraires.